Charlotte, Sylvie, Natasha, Océane et Alice attendent assises sur leur tabouret derrière l’une des façades closes et éclairées au néon des maisons nocturnes. Elles sont là depuis hier, depuis dix jours, depuis dix ans. Petits bouts de femmes, femmes battues, émancipées, adultères, bafouées, pubères, entretenues, mangeuses d’hommes, de mauvaises mœurs, de petite vertus. Les expressions ne manquent pas quand on est dans le fossé. Alice attend, sait qu’on la regarde en permanence. Elle n’est plus qu’un vecteur d’évènements. Parfois elle saute de son tabouret et traverse les rues croisant des vies empilées qu’elle ne rencontre jamais vraiment. Elle connait sa chute, elle voit le mur vers lequel elle court, elle sent sa perte. Elle marche et continue, la tête rongée par l’alcool ressassant des slogans qui n’ont jamais aboutis, faute d’oreille.