Le premier ouvrage du torontois Stephen Thomas, The Jokes, d’abord publié au Canada anglais chez Book*hug, arrive au Québec sous la plume d’Alexandre Soublière, qui s’est prêté au jeu de la micro-fiction. Ces textes qui empruntent leur forme à celle de la blague n’en sont pourtant pas, loin de là. Le ton désarçonnant de rigidité et l’apparente dépersonnalisation des figures exposées sont autant d’effets narratifs pour surprendre son lecteur avec de profondes considérations philosophiques ou des états méditatifs inquiétants, et aborder entre autres les questions de l’identité de genre, de la sexualité, et des différentes façons d’appréhender le monde. Un critique canadien anglais a par ailleurs comparé les histoires de Thomas aux scènes les plus troublantes du cinéma de David Lynch, pour la description d’une réalité hésitante et en suspension.
Les textes de Thomas sont résolument contemporains, tout autant que l’est la nature même du projet, qui rend compte d’une certaine révolution des modes de lectures tronqués et du déplacement des espaces de l’écriture et de sa réception, influencés notamment par les réseaux sociaux et autres modes de communications de l’ère ultra-moderne. Sorte de pied de nez à la forme courte de style Twitter et autres fils d’actualité, l’auteur joue avec les codes et élève la forme courte au rang de pièce de littérature.
The Jokes s’est retrouvé sur la liste des finalistes du Metatron Prize for Rising Authors of Contemporary Literature.